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Vive mademoiselle Madeleine Paulmier !

[...] Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. II m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu'opère l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse : ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi. J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel.
D'où avait pu me venir cette puissante joie ?[...]
Marcel Proust, À la recherche du temps perdu. Du côté de chez Swann, 1913.
Et bien moi je sais d'où vient la puissante joie qui envahit le brave Marcel...
Les effluves délicates de ce petit bijou qu'aucun macaron ne risque de supplanter, la délicatesse et la finesse d'une pâtisserie pour adultes, la légèreté et le fondant en bouche ne sont qu'enchantement et volupté.
Une folie me prit ce matin, j'enfourchai mon fidèle destrier en direction de la splendide boutique Les Touilleurs.
Il me fallait dans les plus brefs délais posséder un objet que je pensais inaccessible, persuadé que jamais je ne pourrais rendre justice à ce petit gâteau lorrain. Mais têtu comme un Alsacien qui doit prouver à son voisin outre Vosges qu'il est capable de le battre sur son propre terrain je me lançais dans l'aventure.
Éloigné de quelques 7000 kilomètres de toutes ces querelles fraternelles entre deux peuples cousins, je n'avais rien à prouver à personne si ce n'est à mon égo.
J'ai le doux souvenirs de ma grande-tante si joliment prénommée qui me faisait tant rire.
Des étagères de mon boulanger de tonton Bernard, fascinant dans son gigantesque tablier blanc, coiffé de son calot de mitron, l'énorme sourire moustachu, enfariné comme l'un de ses pains craquants au sortir du four.

Le lendemain matin, la cuisine embaumait la vanille et la pâte cuite.
Finalement le plus compliqué à faire dans les madeleines, c'est de trouver un moule... Pour dire !

Pour environ 24 madeleines moyennes :
  • 250 g de sucre blanc
  • 250 g de beurre non salé
  • 250 g de farine
  • 4 œufs
  • 1 pincée de sel
  • Zeste d’un citron ou d’une demi-orange
  • Vanille
La veille :
mélanger le sucre, la farine, les œufs, le sel, le zeste et la vanille. Faire fondre le beurre et l’incorporer à la préparation. Bien mélanger et laisser reposer, recouvert d'un film plastique, ou dans une poche à douille au frigo toute une nuit, voire plus.

Le lendemain, préchauffer le four à 420 °F (215°C).

Bien beurrer et fariner le moule et y déposer la pâte en petites boules.
Cuire au four environ 14 minutes ou jusqu’à ce que les madeleines soient dorées.
Défourner et laisser refroidir sur une grille.
Et là il faudra patienter ... au moins 2 minutes, avant de craquer et de sombrer dans une béate contemplation, comprenant tout d'un coup les tumultueux souvenirs de notre national Valentin Louis Georges Eugène Marcel.

La base assimilée, on pourra se lancer dans des création aux multiples parfums.
Salées, sucrées, épicées ou douces comme la caresse des ailes d'un ange vous aussi vous cèderez à la douce tentation du péché !

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